Mes amis Enfants Reporters et moi avons récemment interviewé les élèves de l’institut Cardinal Etsou dans la commune de la N’Sele à Kinshasa pour connaître les causes de l’échec scolaire et dans la vie. Cette idée nous est venue après notre formation en tant qu’Enfant Reporter, où nous avons appris que chaque enfant a le droit donner son avis sur tout sujet le concernant et que les parents doivent en tenir compte lors de la prise des décisions.
Un grand nombre d’élèves ont affirmé qu’ils suivaient les filières de formation qui leur ont été proposées – pour ne pas dire imposées par leurs parents – sans tenir compte de leurs ambitions et capacités. Par exemple, des parents inscrivent leurs enfants en chimie-biologie car ils rêvent que leurs enfants deviennent médecins un jour. Et pourtant, beaucoup d’enfants inscrits dans cette section, ne nourrissent pas ce rêve-là… Ils nous ont même affirmé qu’ils n’ont pas le profil adapté pour suivre la voie tracée par leurs parents. Par « respect des parents », ces enfants se sentent obligés de s’incliner face à leur choix.
D’après les témoignages de plusieurs enfants, il y a également une sorte de mimétisme quant au choix des sections aux humanités. En 8ème année, ils choisissent leur section en imitant le choix de leurs amis pour rester ensemble dans les classes supérieures. Ainsi, certains élèves qui avaient un don pour les matières littéraires au secondaire choisissent d’autres filières parce que leurs collègues s’y sont inscrits.
Certains élèves choisissent aussi de suivre une section par facilité. Beaucoup pensent par exemple que la pédagogie générale est une filière facile alors qu’ils n’ont, absolument, pas les aptitudes à enseigner ou à transmettre la matière. Un bon pédagogue ou un bon enseignant doit très bien s’exprimer et écrire tout en continuation à s’auto-former pour être capable de s’adapter face aux élèves.
Pour de multiples raisons, de nombreux élèves choisissent la mauvaise section et cela conduit souvent aux échecs scolaires qui peuvent avoir de nombreuses répercussions. Un élève redoublant de classe nous a avoué que s’il n’avait pas réussi, c’est parce que son père l’avait envoyé en section scientifique alors qu’il n’en voulait pas. L’échec scolaire conduit souvent à l’abandon scolaire et peut encourager la délinquance et le banditisme. Chez les jeunes filles, l’échec scolaire expose dangereusement aux grossesses et mariages précoces.
Cette situation est la même dans plusieurs écoles de la commune. Ces écoles devaient aider les élèves à bien s’orienter en fonction de leurs capacités et rêves. Chaque enfant doit pouvoir choisir librement sa filière de formation car l’enfant a la liberté de choix et la liberté d’exprimer son opinion (article 12 de la Convention relative aux droits de l’Enfant). Nous demandons aux chefs d’établissements scolaires, en commençant celui de l’institut Cardinal Etsou de sensibiliser les parents sur la nécessité de prendre en compte les choix des enfants lors de l’orientation scolaire. Les enfants doivent aussi être conseillés afin de les amener à bien opérer le choix de la filière en fonction de leurs capacités.