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Lutte contre Mpox au Sud-Kivu (RDC) : Mobilisation des travailleuses du sexe comme Acteurs de changement.

Introduction


La province du Sud-Kivu est l'une des plus fortement touchées par l’epidemie Mpox, avec un cumul de 25 449 cas suspects pour 4.391 cas confirmés en 2024 et, 2,816 cas confirmés en 2025. Initialement localisée à Kamituga, la maladie s’est propagée à d’autres zones de santé. Les cas confirmés concernent majoritairement les personnes de plus de 15 ans, avec une part importante de transmissions sexuelles. On dénombre 427 cas confirmés en 2024 parmi les travailleuses du sexe de la province.

Grâce à l'appui d’UNICEF, une ONG locale (REMED) a mené une initiative visant à engager directement les personnes les plus exposées dans la riposte communautaire. À Miti-Murhesa, ce sont des travailleuses du sexe qui ont été formées et intégrées comme pair-éducatrices.


Stratégie de mise en œuvre


La mise en œuvre des interventions de communication en appui à cette riposte s’est appuyée sur les professionnelles de sexe, en utilisant diverses stratégies, sur une période de deux mois :

  • Identification, formation et déploiement de 20 travailleuses de sexe comme pair-éducatrices. Cela a permis de disposer d’agents communautaires motivées et prêtes à engager des dialogues avec leurs paires et d’autres membres de la communauté sur la maladie.
    • Organisation de sessions de communication de proximité (Visite à Domicile – VAD, Pair-éducation, causeries éducatives, …). Les femmes ont pu discuter, partager leurs connaissances et encourager les membres de la communauté pour la détection et la prise en charge précoce des cas suspects.

    • Organisation d’activités de communication médiatiques dans les radios locales et de proximité pour une large information de tous

    • Référencement des cas suspects vers les services de santé. En utilisant les travailleuses du sexe comme accompagnatrices et motivatrices des membres de la communauté à se rendre dans les centres de sante pour un diagnostic précoce et pour sauver des vies.

    • Suivi et supervision des interventions sur le terrain par les agents de sante en vue de permettre aux travailleuses de sexe d’effectuer un travail de qualité et établir les liens entre leur travail et les attentes des services de santé.


    • Ressources mobilisées


      Pour soutenir cette intervention, UNICEF a organisé une formation Mpox de trois jours et sur l’exploitation des données sociales, à douze membres du personnel de REMED. À l’issue de cette formation, REMED a encadré la sélection des travailleuses du sexe et supervisé leurs actions quotidiennes, en coordination étroite avec la zone de santé de Miti-Murhesa. Le staff SBC d’UNICEF au niveau de la province du Sud-Kivu a apporté un appui ciblé et ponctuel afin de veiller au bon déroulement de l’approche, dans le respect des principes éthiques et les bonnes pratiques en matière d’engagement communautaire.


      Résultats et leçons apprises


      En l’espace de deux mois, les travailleuses du sexe mobilisées ont effectué 445 visites à domicile et animé 111 causeries éducatives. Ce travail a permis de détecter et d’orienter 123 cas suspects de Mpox vers les centres de santé. Tous les cas référés ont été confirmés positifs et pris en charge médicalement.

      L’expérience a démontré que l’implication active des groupes les plus exposés à une maladie, une fois sensibilisés, favorise une adhésion rapide aux mesures barrières au sein de leur communauté. L’initiative a également eu un impact fort : les femmes travailleuses du sexe ont exprimé de la fierté à jouer un rôle utile pour la santé communautaire, et ont observé un changement positif de regard de la communauté à leur égard.


      Perspective


      Devant l’efficacité de cette approche, la Direction Provinciale de la Santé du Sud-Kivu a salué

      l’initiative et recommandé l’étude de sa réplicabilité dans d’autres zones de santé, notamment celles disposant d’une organisation structurée des travailleurs du sexe. Cette stratégie pourrait également s’adapter à d’autres populations vulnérables, pour autant qu’elles soient bien formées et encadrées, afin de participer activement à la lutte contre les épidémies.


      Aime KASEREKA SYAKEHYA

      SBC Officer - Bureau Terrain de Bukavu

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