Mon histoire tout entière s’articule autour d’une phrase : « Le vaccin contre la polio a été inventé par les Blancs pour exterminer les Africains. » Vous serez d’accord avec moi, cette phrase a déjà fait son chemin dans les conversations ici en RDC. Le sujet change, mais l’histoire reste la même : tantôt c’est le COVID, tantôt la technologie, tantôt Ebola. Bref, tout ce qui est nouveau risque fortement d’y passer. Alors, ce jour-là, en tombant sur ce commentaire sous un post Facebook, je ne me serais pas attardé dessus… si seulement on n’avait pas été en pleine campagne de vaccination contre la polio.
Ce n’était plus banal, parce que à mes yeux si ça revenait exactement à ce moment-là c’était forcément pour décourager les gens à faire vacciner leurs enfants. J’ai donc impliqué mes amis et avec eux nous avons immédiatement réagi. Nous avons identifié les publications problématiques, cherché des sources officielles, et répondu avec des faits clairs et vérifiables. Mais il ne suffisait pas de poster des corrections : il fallait aussi interagir, écouter les inquiétudes des parents et adapter notre message pour qu’il parle réellement à ceux qui doutaient.
Lors des campagnes de vaccination, les réseaux sociaux deviennent un théâtre d’échanges où se mêlent interrogations et rumeurs souvent sur des tons vifs et parfois tendus. Mon objectif, avec mes collègues, est de capter ces voix pour mieux y répondre. Certains nous accusent de mentir, d’autres se moquent. Mais parmi eux, il y a aussi des parents qui hésitent simplement, qui cherchent des réponses. Ce sont eux que nous devons toucher. Chaque message que nous envoyons, chaque conversation que nous engageons, est une occasion d’éclairer quelqu’un et de renforcer la confiance dans les vaccins.
Au fil du temps, j’ai vu notre impact grandir. Après plusieurs campagnes, nous avons commencé à recevoir des retours positifs. Des parents nous remerciaient d’avoir pris le temps de leur répondre. Certains nous confiaient qu’ils avaient finalement choisi de vacciner leurs enfants après avoir été rassurés par nos explications.
Les amis dont je vous parle ce sont des Veilleurs du Web comme moi, nous sommes une équipe. Nous nous soutenons, partageons nos découvertes et affinons nos stratégies pour rendre nos interventions toujours plus efficaces. L’UNICEF et les autorités sanitaires nous fournissent des ressources précieuses, et nous faisons remonter les inquiétudes du terrain pour adapter les messages de mobilisation.
Je sais que le combat contre la désinformation est un travail de longue haleine. Chaque jour, de nouvelles rumeurs émergent, chaque jour, nous devons être vigilants. Mais ce que je retiens surtout, c’est que nous ne luttons pas dans le vide. Nous faisons une différence.
Aujourd’hui, je suis fier de contribuer à un environnement numérique plus sûr, où l’information fiable prend le dessus sur la peur et les fausses croyances. Ce que nous faisons va bien au-delà des réseaux sociaux : nous aidons les familles à prendre des décisions éclairées, nous participons à protéger la santé publique, et nous prouvons qu’avec persévérance et engagement, il est possible de changer les choses.
Parce qu’au final, ce n’est pas seulement une question de rectifier des erreurs. C’est une question de confiance. Et cette confiance, nous devons la construire, un message à la fois.