Tout a commencé lorsque j’ai vu une offre passer sur la page Facebook des Veilleurs du Web. J’étais encore à Kananga, où j’avais terminé mon premier cycle en sciences informatiques. J’ai toujours eu un esprit curieux, un open mind, comme disent certains. Sur internet, je click sur un petit peu tout ce qui a l’aire d’être une opportunité sérieuse pour moi. Une amie m’a même taquinée un jour en me disant : « Toi, tu te feras arnaquer un jour avec ces liens d’offres... ». Aujourd’hui, elle est la première à reconnaître que j’ai bien fait de suivre mon instinct.
Je me suis donc lancée. Le processus de sélection n’a pas été facile, et après avoir envoyé ma candidature, j’ai attendu... longtemps. Chaque jour, je vérifiais ma boîte mail, mais rien. J’ai fini par abandonner l’idée, persuadée que ça n’avait pas marché pour moi.
Et puis un jour, fatiguée après le travail, je me suis allongée sur mon canapé. Mon téléphone a sonné : un numéro inconnu. Je décroche, et j’entends ces mots qui me font sursauter : « Félicitations madame, vous êtes présélectionnée au programme Veilleurs du Web ! » J’ai crié « Merci, merci, c’est moi Déborah ! » peut-être pour m’assurer inconsciemment qu’ils ne s’étaient pas trompés de numéro.
La suite a été intense : une formation de cinq jours, suivie de trois mois de mentorat. J’ai découvert des domaines que je ne maîtrisais pas encore : fact-checking, rédaction web, personal branding, community management... J’ai appris à démêler le vrai du faux, à identifier une fake news, à créer du contenu impactant. Moi l’informaticienne, je devenais détective.
Puis un jour, alors que je m’apprêtais à démonter une fausse information, un mentor m’a dit : « Déborah, laisse tomber, ça c’est juste un point de vue, pas une fake news ! ». Cette phrase en as bouché un coin au détective qui bouillonnait en moi. Faire la différence entre une fausse information et un simple point de vue me semblait impossible. Mais j’ai essayé… encore et encore, jusqu’au jour où j’ai vu mon premier article publié sur la page officielle des Veilleurs du Web. Ce jour-là, je me suis sentie comme entourée d’anges qui applaudissaient pour moi !
Aujourd’hui, j’ai plus de 9000 abonnés sur les réseaux sociaux et j’ai réalisé plus de 2000 actions en ligne contre la désinformation et la violence numérique en 2024. Mes amis me demandent souvent de vérifier les informations qui leur parviennent avant de les partager. Moi qui pensais que ce n’était qu’un projet parmi tant d’autres, je me rends compte que c’est bien plus : c’est un engagement, une mission.
Ce qui me motive le plus, c’est de voir que mon engagement ne se limite pas à moi : il inspire d’autres jeunes. Quand je dénonce une fake news, c’est toute une communauté qui apprend à ne plus se laisser manipuler. Quand je sensibilise sur la violence en ligne, ce sont des victimes potentielles qui trouvent une voix pour se défendre.
Je ne suis plus juste une spectatrice sur les réseaux sociaux, je suis une actrice du changement. Et ce n’est que le début.